Anna-Helena Kummerli
La vallée de la mort
Le Désert - La vallée de la Mort
Après les éoliennes de Tehachapi, c’est le silence du désert: le désert de Mojave. Les gens pensent souvent qu’un désert est un endroit vide et qu’il n’y a que du sable, mais c’est tout a fait faux.
Une charmante voyageuse d’un de mes tours a dit un jour : « et dire qu’il y a des gens qui ont le culot d’appeler « ca » un désert » ! Il y a le Sahara (pas vide du tout), le désert du Gobi, le désert d’Atacama etc.... et....il y a les déserts américains. Le désert de Mojave est aride, mais quand-même plein de buissons, les créosotes. C’est en allant pour la première fois a la Vallée de la Mort que j’ai commence à aimer ces buissons vert-brun, couverts de centaines de petites fleurs jaunes qui se transforment ensuite en petites boules blanches, comme de petites boules de neige. Quelques gouttes de pluie a n’importe quelle saison de l’année peuvent faire des miracles et les faire refleurir et leur donne une odeur merveilleuse. De loin, le buisson semble être brun-roux et assez raide, pourtant il est agréable à toucher. On le trouve dans le désert de Mojave et aussi dans le désert de Sonora, “mon” désert. Il y aussi les Joshua-tree et autre yucca, mais je vous parlerai du Joshua-tree a une autre occasion. Beaucoup d’animaux et d’oiseaux et une vie très intense. Le coyote qui chasse les souris, kangourou-rats, petits lièvres du désert et toute autre chose qui passe a sa portée. Le coyote est souvent appelé “la poubelle” de l’ouest. Il est mal aime, mais il a tout mon amour et quand j’en vois, mon cœur bat plus vite. Je n’oublierai jamais le beau coyote, pris dans les lumières de notre voiture, quand nous sommes descendues du Dante’s View, après avoir admire notre premier coucher de soleil sur la Death Valley. Il était la, immobile et nous avons eu tout le temps de le regarder. Sauvage!
La vallée de la Mort est un endroit tout en demi-teintes. Un dégradé de rose, de mauve, de beige, de bleu qui change sans arrêt, selon l’heure de la journée. Une visite, a la fin de la journee, quand les lumières deviennent intenses et pures, au Zapriski-Point, ne peut laisser personne indifférent. La “Bad-water” 86 mètres au-dessous du niveau de la mer, nous fait réaliser les illusions que les premiers pionniers, en traversant cette vallée inconnue a l’époque, ont du ressentir. L’illusion de l’eau, alors que ce n’est que du sel et le reste un mirage. La vallée de la Mort est un endroit de paix, de repos et on a la chance de pouvoir “écouter le silence”.
En arrivant dans n’importe quel parc aux Etats Unis, je passe toujours au visitor-center pour voir le petit film sur la région, acheter des cartes et aussi me documenter. Les films sont courts, entre 15-20 minutes, nous donnent un maximum d’informations et sont toujours passionnants. En plus, je suis une grande supportrice des parcs, car ils font tout pour préserver ce monde merveilleux pour les générations futures.
Evidemment, la vie au Furnace-Creek-Ranch est aussi agréable, spécialement quand il n’y a pas trop de monde. En hiver s’est bonde, puisqu’il y fait déjà bon chaud. A la fin du printemps, début de l’été, quand le thermomètre monte à 100F et plus, il n’y a plus que “des fous”, comme moi, qui viennent. Un bain a 10h le soir ou à 7h du matin est un plaisir extraordinaire. Il y a aussi le Furnace-Creek-Inn, mais un peu trop cher pour ma bourse. Par contre, il m’arrive souvent d’aller boire un verre de vin blanc dans le joli bar, avec vue sur la vallée, en descendant du Dante’s View et du Zapriski-Point. Le vin est bon et l’endroit de grand gout. Furnace-Creek est aussi un endroit merveilleux pour faire une ballade à cheval. C’est incroyable comme la vision est différente depuis un cheval. Il y a la possibilité de faire du golf sous les palmier-dattes. Bref, l’endroit nous donne un bien-être général et on a toujours envie de prolonger son séjour. De toute façon, en partant de la vallée de la mort si vivante, je sais que je reviendrai bien vite. Savez-vous pourquoi cette vallée s’appelle “Death Valley”? Quand les premiers pionniers, des Mormons, passaient par ici, ils y ont presque laisse leurs peaux. Ils n’avaient que quelques indications au sujet du chemin par les trappeurs, mais sinon rien, donc ne connaissaient absolument pas la longueur de cette vallée. Ils y sont entres avec leur bétails, leurs wagons, leurs chevaux et toutes leurs possessions, mais ne trouvaient pas de point d’eau. A un certain moment, ils ont vu, ce que l’on appelle aujourd’hui la “Badwater” (l’eau mauvaise) et croyaient être sauves, mais....ce n’était que quelque gouttes d’eau salée et le reste qu’une croute de sel qui donnait l’impression d’être un lac, donc un mirage ou une Fata Morgana. Finalement, après avoir pratiquement tue leur bétail, puisqu’il y avait pas d’eau et pour survivre, en tirant les chariots par la force de leurs bras, ils sont arrives, 120 miles plus loin, a la sortie. Un seul homme était morts ce qui était peu, mais...ils avait perdu tout leurs biens et ne pouvaient sauver que leur peau. Alors en sortant de cette vallée de désolation pour eux, une des femmes s’est retournée et a dit: “tu es vraiment la vallée de la mort!” Malgré cette triste histoire, cette vallée est belle et riche, mais il faut être bien équilibré et solide pour apprécier ce silence, cette sérénité et ce genre de beauté.
Une fois, je suis arrivée à Death Valley en compagnie de mes premiers clients, en tant que guide et j’avais une drôle de surprise. Mes premiers clients sont Trudy et Jean-Pierre et je parlerai certainement souvent d’eux, car ce sont devenus des amis tellement formidables qu’ils me manquent terriblement, des que nous sommes sépares. Ils n’aiment pas la foule et préfèrent les endroits un peu secrets. Death Valley est franchement un bon endroit pour la solitude, mais....pas toujours. Nous arrivons en novembre et en descendant de la montagne, je vois au loin, des centaines et centaines de voitures et caravanes, ainsi que des tentes. Je n’avais aucune idée de ce qui se préparait. Plus on descend, plus il y avait du monde et on distinguait a peine l’entrée du visitor-center. Finalement, nous arrivons à nous faufiler et je demande au “Ranger” le pourquoi d’une telle invasion. Il me dit: mais c’est le rendez-vous annuel des “49ers”. ?? Je savais que les “49ers” était une équipe de football américain de San Francisco, mais ces gens-la, n’avaient franchement pas l’air d’être des footballeurs, car ils avaient tous pas mal d’années sur le dos. Non, non, le ranger me dit - les “49ers” de 1849! En résumé, c’était les descendants des premiers pionniers qui avaient passe dans la vallée de la mort et qui se retrouvent chaque année à cet endroit au moment du “Memorial Day”. Finalement, ces gens ne nous ont pas gêné du tout, car ils sont restes entre-eux pour commémorer et nous avons quand-même pu visiter la Vallée de la Mort en toute tranquillité.
Je me souviens également d’un coucher de soleil a travers les palmiers-dattes du golf de Death Valley, ou un coyote se remplissait la panse avec les dattes tombées parterre. Une image d’une grande beauté, gravée dans ma mémoire.
Un autre petit souvenir : avec ma sœur Thea, nous nous trouvions à la vallée de la Mort pendant le mois de Juin...et nous voulions faire une petite promenade au Golden Canyon. En laissant la voiture sur la place de parc a l’entrée du canyon, nous voyons une femme sortir avec une tète épouvantable et ennuyée......Comment peut-on être de si mauvaise humeur a un endroit si beau ? Nous entrons et marchons pendant environs 30 minutes et.....étions dans le même état que la dame. Nous etions tout simplement écrasées par la chaleur du mois de Juin. C’était bien dans les 47C à l’ombre et le chemin était au soleil. Donc, nous avons abrégé notre ballade et avions plus de compréhension pour la dame.
En quittant Death Valley, j’aime passer par Death-Valley-Junct. et son théâtre. Je comprends fort bien que Martha Beckett, la propriétaire de l’Amargosa-Opera-House, en passant par ici il y a beaucoup d’années en arrière, soit tombée amoureuse et restée dans ce coin perdu. C’était une danseuse de ballet de New York qui voyageait avec son mari et il lui a acheté le village abandonne. Encore aujourd’hui, pendant les mois d’hiver, elle donne, trois fois par semaine, ses spectacles de danse, ses “one-woman-show”, même si elle a trouve un partenaire et accessoiriste avec son ami Willit. Apres un de mes premiers voyages, j’ai écrit à Martha Beckett, pour lui offrir mes services à tenir le petit motel et faire n’importe quel autre travail. La seule chose que je demandais, était de quoi manger et un toit sur ma tète. Elle m’a répondu si gentiment, tout en refusant, car elle ne pouvait pas payer pour une personne de plus. Elle avait fait le choix de vivre sa passion, la danse, avec un minimum de moyens. Beaucoup d’années plus tard, nous avons fait connaissance et je l’ai trouve toujours en forme, mince et courageuse. Elle vit son rêve et elle a trouve son bonheur en le réalisant. J’ai beaucoup d’admiration pour elle. Elle a eu le courage de vivre sa passion! Espérons qu’elle pourra continuer encore longtemps.
« J’ajoute aujourd’hui, quelques années plus tard....que Martha Beckett est décédée au mois de janvier 2017 à l’âge de 93 ans. »
Il y a entre Death Valley et Las Vegas, une petite ville du nom de Shoshone. C’est la, qu’a mon premier passage, nous nous sommes arretees pour prendre un petit déjeuner. La spécialité du coin sont les pan-cakes. C’est bon, mais c’est très copieux et il faut absolument prendre les pan-cakes avec vous, si vous ne les finissez pas, car sinon, vous allez fâcher la propriétaire. Elle dirige son restaurant comme un gendarme la circulation. Le premier arrive, le premier servi et que ca saute! Marrant! Entre mon premier et mon second passage, il s’était écoule env. 2 ans, mais, du premier coup d’œil, miracle, elle m’a reconnu et dit : ca fait longtemps que je ne vous ai vu! Maintenant, à chacun de mes passages, je m’arrête, car ca fait partie du folklore de Shoshone.
La dame de la station d’essence en face est aussi formidable. Un jour, je croyais avoir oublie mes clefs a l’intérieur de la voiture et je lui ai demande son aide. Tout d’abord, elle ne voulait pas m’aider, car en réalité c’est interdit par la loi, mais.....Tout d’un coup, elle me murmure: attendez un instant, on va voir quand les autres clients seront partis! Elle a pris un immense fil de fer et s’apprêtait à m’ouvrir la voiture sans problèmes, quand, tout d’un coup, j’ai retrouve mes clefs dans ma poche serrée du jeans. La aussi, je m’arrête a chaque passage pour faire le plein d’essence, lui acheter un billet de loterie et lui dire un petit bonjour. Ensuite, quand le tirage de lotterie a eu lieu, je l’appelle depuis n’importe quel endroit de l’ouest pour savoir, si je suis millionnaire, ce qui n’a pas été le cas jusque a présent, mais on a le droit de rêver! C’est étonnant, il y a beaucoup de gentillesse dans ses rencontres simples de chaque jour. On dit que l’Amérique est superficielle et c’est certainement le cas pour beaucoup de choses, mais, on se rappelle toujours de votre passage.
All rights belong to its author. It was published on e-Stories.org by demand of Anna-Helena Kummerli.
Published on e-Stories.org on 09/03/2018.