Anna-Helena Kummerli

L’HISTOIRE D’UNE PASSION / Monument Valley

 

Monument Valley

Quelle histoire - quel passé, quel présent et, j’espère, quel futur!

Qui n’a pas vu des images de Monument Valley? Les réclames Marlboro, les western de John Ford avec John Wayne, d’autres films et d’autres acteurs, d’autres publicités ont rendu cette région connue dans le monde entier. Aujourd’hui, le tourisme de masse risque bien de démolir la mythique vallée. Evidemment Monument Valley est toujours la même, mais que de voitures, de bus, de gens! Je sais que je ne peux pas garder Monument Valley pour moi, mais pour l’amour du ciel, amis Navajos, prenez en soins. Ma première visite à Monument Valley, il y a bien longtemps, a laissé des traces à jamais dans ma vie. Le souffle coupé et les larmes aux yeux devant tant de beautés. Nous avions passé la nuit au Goulding’s Lodge, le seul hôtel-motel près de l’entrée du parc. Comme c’était toujours l’hiver, le restaurant de l'hôtel était fermé pour la saison et il fallait acheter de quoi se restaurer au “super-marché” du garage. Notre repas était froid, car c’était bien avant la vulgarisation des micro-ondes. Assis devant notre fenêtre-balcon et en face de nous “Monument Valley”! Que demander de plus? La nuit, il y avait partout de petites lumières, car en réalité, il y a beaucoup de petites maisons ou hogans disséminés dans la plaine. Le petit déjeuner du matin était sur le capot de la voiture devant le magasin rustique. Là, nous avons rencontré deux Canadiens et échangé quelques mots en “français-canadien”. C’était deux “fous” de l’ouest également. Ensuite, c’était la première découverte de Monument Valley, avec un guide Navajo et sa jeep. Il nous a raconté beaucoup de choses au sujet de son peuple. Comme il avait le temps, nous avions droit à un tour extra-large d’environs 4 heures. Il nous a raconté l’histoire des Navajo, l’amour de la mère-terre et a essayé de nous faire pénétrer dans son monde, pourtant souvent fermé aux blancs. J’espère de tout cœur que son peuple saura préserver cet endroit et surtout leur mère-terre, car malheureusement, ils n’en prennent pas vraiment soin. J’avais, à ma première visite, la même déception que toutes les personnes que j’ai eu la chance de faire pénétrer dans le monde indien. Ils ne soignent pas la terre, jettent tout au bord des routes, autour des maisons et n’ont pas cet amour si nécessaire pour justement cette “mère-terre”, dont ils parlent aux touristes. Souvent depuis, en discutant avec les Navajos et autres Indiens, je leur dis ma déception, mais.....ce sont toujours les autres!! Dommage, car j’aimerai tant que leurs enfants puisse avoir la possibilité de vivre Monument Valley comme leurs ancêtres. J’aimerai tant qu’ils soient fiers d'être Indien et ne se prennent pas toujours pour des victimes. Oui, l’homme blanc a détruit leur monde, a pris leur terre, a tué les bisons et abimé énormément de choses, mais.....c’était il y a 140 ans. Il faut arrêter de se prendre pour une victime, d'être assisté, mais au contraire, relever la tête, avec fierté. Je dis souvent, soyez fier de votre passé, de votre histoire et aller de l’avant. C’est parce que mon cœur est rempli d’amour pour eux et leur “monde” que j’ai envie de les secouer et de leur donner cette force que j’ai eu la chance d’hériter de mon père. Il était né pauvre, orphelin et réunissait tout pour devenir un petit voyou, mais.....il est devenu un homme droit, franc, fort, et heureux et surtout... aimant. J’aimerai tant que les Indiens puissent trouver la même force dans leur terre.

Un jour, avec ma cliente et aujourd’hui amie Monique, lors de son premier voyage avec moi, nous avons eu une drôle de surprise. Nous étions parties sur les routes de l’ouest depuis Phoenix. Le jour avant, j’avais quitte définitivement ma Suisse natale, pour m’installer aux U.S.A. Arrivées dans la région de la foret pétrifiée et du désert peint, une lumière jaunâtre couvrait la plaine et le vent se levait.

Nous nous préparions à une belle tempête de sable. En visitant la forêt pétrifiée, il devenait de plus en plus difficile de nous battre contre le vent et nous nous sommes dirigées bien vite vers la ville de Holbrook. En prenant de l’essence, j’ai même eu de la peine à rester debout, tellement le vent devenait puissant. Heureusement que j’avais fait une réservation d’hôtel, car.....bientôt la ville était débordée. A cause de la tempête, la police avait pris la décision de fermer l’autoroute I-40 et toutes les voitures se dirigeaient vers Holbrook pour y passer la nuit. Pour les hôteliers de la ville, c’était vraiment une bonne affaire, mais malgré ça, beaucoup de personnes étaient obligées de passer la nuit dans la voiture.

 

Le lendemain, ciel gris et a la TV nous apprenions qu’il avait neigé sur les saguaros de Phoenix et Tucson!! Neige sur les cactus du sud de l’Arizona et ceci à Pâques.?! (Pâques 1999 !) C’était le monde à l’envers. Nous avons pris la route et en approchant du Canyon de Chelly, il neigeait déjà pas mal. Ce jour, nous avons encore fait une ou deux visites du canyon, avant de nous mettre au chaud dans le confortable hôtel du parc. Lendemain: neige - grisaille - ciel bas! J’ai vite été acheté un chapeau dans la boutique de l’hôtel pour pouvoir nettoyer la voiture de la neige, sans tenir bêtement un parapluie. Quand les nuages se sont déchirés un peu, nous prenions la route pour Monument Valley. Par moment, un bout de ciel bleu nous laissait prévoir une amélioration. Pourtant, en approchant de Kayenta, le brouillard commençait à couvrir tout le paysage. Je ne voulais pas y croire. Encore une demi-heure de route et nous devions être à Monument Valley, seulement.....Monument Valley n’était pas là! Pour les personnes qui connaissent le coin, ils comprendront que c’est presqu’impossible de ne pas voir Monument Valley, tellement les roches sont rouges et découpes dans la nature. Mais non, pas ce jour. Nous sommes allées dans un brouillard épais jusqu’au visitor center de ce parc, mais n’avons absolument rien vu, pas le moindre petit rocher. En partant, nous nous sommes arrêtées un moment dans une des rares boutiques ouvertes de la route. C’est vrai, que les touristes manquaient ce jour et la plupart des Indiens n’avaient même pas ouvert leurs stands. J’ai demandé au vendeur: Qu’avez-vous fait de Monument Valley, où l’avez-vous mis? C’était à croire que la vallée n’existait qu’au cinéma et sur les cartes postales. Bref, nous sommes parties en direction de Bluff et on voulait aller jusqu’a Moab, ou j’avais une réservation d’hôtel. Arrivées à Bluff, je disais à Monique : non, nous ne pouvons pas quitter cet endroit, sans que vous ayez vu Monument Valley. On va rester une nuit à Bluff. C’est comme ça, que j’ai découverts mon petit motel « Recapture Lodge » à Bluff. Le brouillard s’est déchiré juste avant Bluff et nous avons eu droit à un paysage de rêve autour de nous. A Bluff, nous nous sommes consolées en prenant un bain agréable dans le jacuzzi de l’hôtel et en espérant des jours meilleurs. Lendemain: grand ciel bleu. Finalement, nous sommes retournées sur nos pas et là......Monument Valley était de retour! Je ne pouvais quand-même pas faire un voyage dans l’ouest, sans que Monique puisse voir cette merveille. Nous avons passé une journée de rêve et vite oublié notre mésaventure.

Je ne sais pas combien de fois je suis retournée a Monument Valley, mais je découvre encore chaque fois quelques chose de nouveau. Souvent c’est aussi grâce à “mon” guide Richard. C’est un gars super-sympa et pourtant ça ne doit pas être facile de se renouveler sans arrêt. Comme nous nous connaissons bien, il ne peut pas se tromper dans ses récits et en plus, il doit toujours trouver une “petite nouveauté”, ce qui rend la promenade non seulement plus intéressante pour moi, mais je pense aussi pour lui. A chaque fois, il doit se surpasser pour m’impressionner de nouveau. C’est presque devenu un jeu, mais mes clients et amis en profitent. Avec mon neveu Mischa, Richard a été extraordinaire, car il y a eu des atomes crochus entre les deux jeunes. Richard n’a pas arrêté de faire découvrir encore et encore des endroits secrets et j’étais très heureuse pour Mischa qui a toujours été un peu le fils que je n’ai jamais eu. Avec Henri, mon ami artiste, Richard a senti la relation que cet homme avait avec le passé des Navajos et autres Indiens. Avec d’autres personnes, il trouvera autre chose pour les charmer. C’est également avec Henri qu’il a commencé à nous chanter un ou deux chants indiens et on passe toujours un moment émouvant à entendre cette voix et à le regarder en cachette pendant qu’il chante. Je ne sais toujours pas si Richard est un excellent comédien ou s’il est ainsi, parce qu’il aime ce qu’il fait et la vie qu’il vit. Probablement les deux. De toute façon, j’ai réussi à avoir une relation bien amicale avec lui, ce qui est déjà pas mal, car les Indiens ne vous montrent pas souvent leurs sentiments. Nous parlons également de basketball et étant une supportrice d’une équipe rivale de la sienne, on rigole souvent comme des gamins.

Un jour, il faudra vraiment que j’aille visiter la “Mystery Valley”, car il me l’a souvent proposé. Malheureusement, les clients ont souvent d’autres désirs, alors ça reste encore une belle chose à faire. Depuis j’ai aussi fait la connaissance d’un autre guide, nommé Larson, bien différent de Richard, avec une sorte de retenue, mais je l’apprécie beaucoup. Lui ne chante pas, mais nous joue de la flute ce qui est merveilleux. Après ce Monument Valley si important dans l’ouest américain, pourquoi ne pas aller au Canyon de Chelly pour rester dans le pays Navajo.

 

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Published on e-Stories.org on 10/21/2019.

 
 

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