Patrice Faubert
De ma réforme militaire
1969
car, le pire, l'appel, j'avais devancé
L'armée
Tout faire pour se faire réformer
Suippes
Camp militaire d'artillerie lugubre, de quoi déprimer
Et à peine arrivé
Sans le savoir, j'avais bousculé
Un lieutenant-colonel en treillis
C'était flatteur, je l'avais pris
Pour une recrue, un appelé
Il me fallut donc agir pour ma réforme
Ne correspondre à aucune norme
Et avec un copain en complicité
Qui prévint la hiérarchie militaire
Car, partant sur la voie ferrée
Et la nuit, l'on y voit peu clair
Car je voulais faussement me suicider
Mais hors le terrain militaire
Et j'avais donc déserté
Au lieu, par le train, de me faire écraser
Je m'en fus voir le garde-barrière
Qui me ramena à moitié ou presque nu
Après avoir, avec lui, bien mangé
Donc, dans ce camp militaire
Et à l'infirmerie, je m'en fus !
Puis, l'on ne voulut pas me réformer
Et je fis donc une autre fausse tentative
Cassant mes verres de lunettes, et les avalant
Avec de la mie de pain, pour la radiographie, se faisant
Là, à Châlons-sur-Marne, je fus évacué
Et où je ne fus même pas réformé
Pour cela, à Nancy, il fallut me faire transférer
T2, temporaire, pour un an
Pour un conseil des colonels, en attendant
Et, ouf, réformé définitivement
Juste avant, et à quelques jours près
Mais cela fut fait exprès
Pour ne pas me verser une pension militaire
Cela eut été surtout marrant
Presque plus de trois mois à faire le guignol
Avec deux fausses tentatives de suicide
Après désertion, et avoir brûlé mes vêtements militaires
Pour me réchauffer, la nuit, le froid ( -15 ) janvier, était l'air
Je ne pouvais plus tenir dans ce réactionnaire
Sinon, c'était la désertion directe, l'Angleterre
Le lieutenant-colonel
Avait compris que je voulais me faire la belle
Pour lui, j'étais une forte tête
Pot de terre contre pot de fer
C'est quoi cette histoire ? pour lui déplaire
Que je lui répondis, plein de fiel
Ii me menaça de me faire mettre en forteresse
Mais ma ruse fut trop en détresse
Moi, je voulais me lever quand je voulais
Moi, je voulais faire ce que je voulais !
Aucun code, je ne voulus respecter
D'ailleurs, l'adjudant-chef me traita de constipé
Merci, à ce copain oublié et de complicité
De plus, lui, voulut faire son temps d'armée
Forte tête ?
En tous les cas, je n'en fis qu'à ma tête !
Les autres bidasses me disaient
Tu es bête, le service, le faire, il le fallait
Seul contre presque tout un régiment
Et déjà, et encore, insoumis, antimilitariste, anarchiste
Suippes, le pire des camps militaires
D'ailleurs, maintenant, c'est pour les déchets
Jadis, déjà, tout y était suranné, en effet
Près de Châlons-sur-Marne
Devenu plus glamour en Châlons-en-Champagne
Pour tout effacer de ce mât de cocagne
Il me fallut aller au conseil de réforme de Nancy
Car à Châlons-sur-Marne, la réforme, plus aucun pli
Et COLONEL d'abord, psychiatre en éventualité
De plus, avec le plus facho colonel psychiatre, je fus passé
Enfin, donc, le conseil des colonels de Paris
Un camp, donc, où l'on mourait de pneumonie
Tout y datait de 1914/1918, tout pourri
J'en ai fait, bien des années, des cauchemars
Où l'on me rappelait sur le tard
Et là, tout d'assaut, je prenais, avec un char
Ouf, je pus en réchapper
Hélas, d'autres y sont restés
Des maladies ou des réformes échouées
Moi, je fus presque toujours, l'infirmerie ou l'hôpital
Car la bêtise militaire me faisait trop mal
Et l'oubli ne peux me faire tout dire
Il suffit, entre les lignes, de savoir lire
En voiture, le très futur factotum de Coluche
Jean-Michel Vaguelsy, vint me chercher
Car j'étais néanmoins, naïf et nunuche
Et du camp, il fallut m'exfiltrer
Bref, rideau, sur cette mauvaise peluche
Du souvenir, mal effaçant, tout son épluche !
Patrice Faubert ( 2024 ) puète, peuète, pouète, paraphysisien (http://patrice.faubert.over-blog.com/)
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Published on e-Stories.org on 06/24/2024.